Première impression[PV Xenaeve]

Sur l’estrade, deux démons de forte carrure écartelèrent une Ange balafrée et battue qui, la bouche ouverte pour maintenir l’énorme phallus de l’un de ses tortionnaires qui remuent sauvagement entre ses dents, ne se débattait plus depuis bien longtemps. Drakar, épouvanté par ce spectacle obscène, se camoufla sous la tignasse d’Aedael qui lui, ne manquait pas une seule seconde de ce supplice douloureux et humiliant. Le deuxième démon ouvrit, grâce à une longue griffe effilée, une profonde entaille dans le ventre de la détenue et en étira les contours de ses grosses mains musculeuses. Toute l’assemblée fut subjuguée pour cette délectable scène, quelques uns ont même des relations sexuelles, trop excités par cette image séduisante et écœurante. Mais Aedael n’est pas stimulé par le viol et les tortures de cette Ange.

Le sang gicle le sol et les assistants près de la scène. Une femelle presque nue, couverte de sang, se trémoussa et se caressa devant tous. Aedael se confia qu’il avait toujours apprécié cet aspect chez les démons. Aucune timidité, aucune gêne. Aucune pudeur. Il sourit, repoussa son pichet d’alcool et conclut qu’il avait besoin de repos avant d’entreprendre un loin périple dès la matinée du lendemain. Dès qu’il fit un mouvement, Drakar planta ses griffes dans son cuir chevelu afin d’éviter tout accident. L’un des démons avait maintenant implanté l’un de ses dards volumineux dans l’arrière-train de la captive en plus de glisser son poing…Aedael se racla la gorge, mal à l’aise et se rua dans la cage d’escaliers, préférant ignorer les agissements des deux démons sur l’estrade.

L’aubergiste lui avait remis la chambre sept, c’est-à-dire celle au fond du couloir, sur la droite. La tête de Drakar jaillit de la chevelure de jais de son compagnon, il siffla à l’adresse que quelques démons qu’Aedael croisait et ronronna lorsqu’il se retrouva sur un matelas moelleux. Pour sa part, Aedael choisit de se verser un bain, fit venir le maître de l’établissement, lui réclama un bon bain chaud et une bouteille de son meilleur vin. Étant un habitué de la place et un très bon client, l’aubergiste offrit une prime surprise à l’ange déchu.

Cinq femmes séduisantes et drapées de voiles diaphanes apportèrent des sauts d’eau en vue de remplir le petit bassin en guise de bain. Aedael, heureux et éméché, leur autorisa de le dévêtir, de le caresser et de le goûter un peu, de le transporter jusqu’au bain, de le savonner et de lui faire subir tout ce dont elles rêvaient. Drakar observa cette scène de débauche de ses gros yeux lumineux et globuleux, accoutumé aux folles lubies de son partenaire.

-Venez donc dans le bain, mesdames, marmonna Aedael d’une voix ivre.

Plusieurs gloussèrent, prétextant que le bassin n’était pas assez grand, mais l’une d’elle, maintenant nue, rejoignit le client et l’enfourcha passionnément. Puis, jalouses, les autres prostituées enleva leur collègue, fit sortir Aedael, le poussa sur le lit où il s’étala de tout son long et le couvrirent d’attentions extravagantes. Le dragon, mécontent siffla, bondit du lit, voltigea dans la pièce et fila s’amuser dans l’eau savonneuse.

Tandis qu’Aedael s’occupait de ces femmes ou plutôt que ces femmes s’occupaient de lui, d’autres se rajoutaient dans la pièce et certaines quittaient la chambre. Les filles se succédaient rapidement. Finalement, il s’avéra que c’était une véritable débauche. Des femelles, dans le bain, s’embrassaient et se procuraient des plaisirs, d’autres offraient des danses à Aedael et quelques unes discutaient autour des coussins, sur le sol en effleurant tendrement Drakar.

Soudain, une nouvelle venue fit son apparition. Sa beauté figea Aedael durant un moment puis celui-ci, tout souriant et enjoué, les idées encore embrumées d’alcool, s’élança en direction de la jeune femme, aussi nu qu’un ver. L’étrangère écarquilla les yeux de terreur en contemplant la virilité tendue du seul homme présent dans la pièce et sembla près de l’évanouissement quand le déchu se pressa contre elle.

-Oh…je crois que tes services seront plus que satisfaisants, gloussa Aedael en dévorant la nouvelle venue du regard.

La princesse s'était juré qu'elle ne remettrait plus jamais les pieds dans cette auberge de malheur. Ni même dans aucune autre auberge. Après tout, c'était compréhensible, avec ce qui s'était passé la dernière fois avec son frère et ce démon dont le nom lui échappait à présent. Mais la jeune femme était têtue et, de plus, elle venait d'avoir une prise de bec plutôt désagréable avec sa mère. Elle avait besoin de loger autre part qu'au palais. C'est pourquoi elle s'était enfuie la nuit venue. Elle était venue directement à l'auberge pour réserver sa chambre. La sept était libre, lui avait-on dit. Sous son épaisse cape de voyage, elle hocha la tête et prévint l'aubergiste, après qu'il lui eu remis une clé, qu'elle serait de retour vers le milieu de la nuit. Elle désirait aller voir son ami. Il n'avait pas voyagé depuis la dernière fois, mais leur dernière rencontre avait été plutôt brève. Aussi, elle décida de lui faire la surprise de sa visite. Elle aurait aimé loger chez lui plutôt que dans cette … hutte malpropre qu'était la taverne pour elle, mais la mère d'Arikael, ou son père, ne l'aurait permis. Elle aurait été ramenée directement au palais, devant sa mère qui n'aurait pas manqué de la sermonner.

Quand elle revint à l'Épée Retirée, elle s'arrêta devant l'entrée pour en contempler l'enseigne. Un démon – au rang de vampire parce qu'ils rendaient mieux, esthétiquement parlant – levait son épée bien haut, la retirant des entrailles d'une femme. Xenaeve avait entendu une autre interprétation du nom de l'établissement et, franchement, elle préférait qu'il n'y ait pas été illustré, vue sa connotation obscène. Elle soupira et entra. L'heure des spectacles dégoûtants était passée. Les quelques clients qui restaient étaient attablés et discutaient calmement. La princesse, toujours cachée sous son épaisse cape de laine, monta l'escalier en se faisant ignorer de tout le monde. Le couloir des chambres, à l'étage, était désert. Elle se rabattit son capuchon sur ses épaules et tira la grosse clé de sa poche pour la glisser dans sa serrure. Une fois qu'elle l'eut refermée toutefois, elle hoqueta de frayeur. Il y avait déjà des gens dans cette chambre. Et elle ne faisait pas erreur. C'était bien la chambre sept qu'on lui avait indiqué. Elle avait réservé. Qui donc pouvait être venu dans sa chambre. Elle remarqua que toutes les femmes présentes étaient nues, se caressaient, se faisaient des choses qui firent frissonner la princesse de surprise et de dégoût. Au centre de la pièce, il y avait une petite créature qui roulait sur le dos. Le petit lézard fut le premier à la voir. Puis il y eut cette tête sombre qui jaillit de toutes les femmes sur le lit – son lit – et la regarda attentivement, avant qu'on corps ne suive – entièrement nu – et ne s'extirpe de cette marée humaine. Visiblement, l'homme n'était pas un démon, parce qu'il aurait fait la même tête que toutes les femmes qui la regardaient à présent en la reconnaissant. Lui, il s'approcha avec langueur, pressa son corps nu contre son corps à elle – heureusement caché sous ses vêtements – et lui dit une chose qui la fit glapir de déplaisir.

Avant qu'elle n'ait eu le temps de réagir, toutes les démones se précipitèrent à l'extérieur de la chambre. Xenaeve savait qu'elles ne parleraient pas de sa présence ici : elles auraient eu trop peur d'être associé à cet homme pour l'affront qu'il venait de commettre envers la royauté des démons. L'homme afficha un drôle d'air en voyant toutes ses compagnes sortir, et le lézard – qu'elle finit par identifier comme étant un dragon – voleta pour se poser sur l'épaule de l'inconnu. Il murmura, assez fort pour qu'elle l'entende :

-Nous doutons qu'il s'agisse d'une prostituée.

-Et que ferait-elle dans notre chambre, si ce n'était pas le cas ? se moqua l'homme en passant une main sous la cape de laine pour pincer une fesse à la princesse.

Xenaeve hoqueta, gifla l'homme et se dégagea prestement. Mais quelle honte ! Quelle conduite navrante. Finalement, peut-être qu'il s'agissait bel et bien d'un démon. Il en affichait le comportement. Seulement, il ne connaissait pas la princesse. Celle-ci se défit de sa cape et la lança sur un fauteuil. Ses narines frémirent, captant une odeur qui lui fut aussitôt désagréable : l'odeur de la luxure.

-J'ai réservé cette chambre tôt dans la soirée. Je peux savoir pourquoi vous y avez organisé une orgie ?

Elle croisa les bras sous sa poitrine, le dos droit, la tête dressée dans un port royale, exigeant les explications qui lui étaient dues.

lsitening to Within Temptation - Our Farewell

Oups là.

Aedael papillonna des paupières rapidement, secoua vigoureusement la tête afin de récupérer ses dernières neurones rescapées d’un naufrage vu la quantité d’alcool consommé tout au long de son séjour dans la taverne. Il perçut un terrible cri provenant de l’étage inférieur puis des hurlements excités de la part des démons, ses pensées convergèrent vers la victime sacrifiée sur une estrade puis revinrent périlleusement se fixer sur l’éblouissante démone qui taper furieusement du pied. L’ange sourit bêtement, inclina la tête en guise de salut à la femme et chancela dangereusement. Il bougonna un peu sur la non-qualification de la dame, s’interrogea sur le sens de ses derniers mots, entreprit un tumultueux raisonnement et comprit tardivement ce qu’elle venait de lui jeter au visage.

Orgie ? Il cilla dangereusement. Orgie ? Aedael pivota sur lui-même à la recherche de jeunes victimes à empaler quand il s’aperçoit que, mis à part Drakar voltigeant au-dessus de sa tête, il était seul dans la chambre avec cette succulente créature. Ressentant les élans de la luxure se répandre en lui, l’homme se rua, ou plutôt trébucha et rampa, jusqu’au bain maintenant froid dans lequel il plongea sa tête. Il crut entendre la voix de Drakar s’élever derrière lui, mais il n’était pas prêt à mettre à couper. Suite à ce petit plongeon agréable qui aviva son esprit embrumé, Aedael se redressa péniblement, s’avança en direction de son lit, s’écraser lourdement sur le matelas et couvrit son intimité d’un résidu de couverture propre.

-Contrairement à ce vous pouvez bien penser, mademoiselle, lui confia l’ange en souriant largement. Je n’ai pas organisé une orgie, ces femmes se sont invitées elles-mêmes.

La ravissante démone renifla avec dédain, croisa ses bras sous sa merveilleuse poitrine qui attira momentanément l’attention d’Aedael et le défia du regard, comme si elle le soupçonnait de mentir. Légèrement agacé, l’homme lui avoua qu’il n’était parti qu’avec deux ou trois filles, il ne se souvenait plus exactement du nombre, et que les autres avaient suivi sans qu’il n’en fasse la demande. Il n’était qu’un homme chanceux. Elle se rembrunit et se pinça les lèvres. Le minuscule dragon vint se blottir dans la tignasse désordonnée de son compagnon et se cramponna fermement à son cuir chevelure.

-Vous ne m’expliquez toujours pas pourquoi vous êtes ici, rétorqua la femme, glaciale.

Oh là, se dit Aedael en renversant la tête vers l’arrière. Elle doit être frigide cette femme pour être aussi … froide. Je pourrais peut-être la tester.

Ricanant pour lui-même, l’ange déchu repoussa avec regret l’idée de monter cette belle jument à la peau d’ivoire et à la beauté surprenante. Il était assez rare de dénicher une aussi belle perle en ces lieux sordides. Les démons, aux goûts d’Aedael, sont tous sauf jolis et superbes, gracieux et élégants, raffinés et merveilleux. Il préférait de loin consommer une union avec des Fées, des humaines, des Garous, à la limite des Anges. Mais il n’était pas difficile en matière de femme. En autant qu’elles sentent bonnes, qu’elles écartent sans difficulté les lèvres humides et tout est parfait à son goût. En fait, il ne veut pas s’attarder à quelque chose de plus. Le plaisir charnel est le seul fruit qu’il expérimente.

-Le tavernier m’a également remis cette chambre, dit-il, songeur. S’il y a un problème, c’est à lui que le blâme s’impose…Mais…nous pouvons partager la chambre, elle est assez grande pour nous deux…

Il ponctua sa suggestion en lisant les couvertures sur le lit. La femme, de plus en plus furibonde par son comportement, s’empourpra généreusement et le gratifia d’un regard féroce qui n’enlaidissant aucunement son visage envoûtant. Aedael admira ses lèvres douces et taquines, ses prunelles profondes et douces malgré la fureur de son âme, ses pommettes hautes et pâles, sa longue chevelure soyeuse et impeccable. Il aurait parié qu’il s’agissait d’une princesse d’un conte pour enfants. Elle était radieuse dans cette simple robe de citoyenne. Étouffé par le désir de le posséder, Aedael s’élança vers le bassin d’eau, s’y trempa longuement la tête avant de remarquer les acrobaties de son dragon dans ses cheveux afin d’émerger du liquide transparent.

-Pardonnez cette brève interruption, marmonna Aedael en se laissant choir cette fois-ci dans un fauteuil moelleux, étendant un fragment de robe déchiré sur ses parties génitales.

Il n’était en aucun cas pudique, il craignait seulement que l’invitée de lui arrache son membre adoré à l’aide de ses dents et ongles acérés.

Cet homme, qui n’était assurément pas un ange, se montrait tout aussi - sinon plus - détestable qu’il se pouvait l’être. Xenaeve n’avait pas le souvenir d’avoir déjà été confronté à un tel manque de savoir-vivre : même les paysans se tenaient mieux que cet exhibitionniste sans vergogne. Et c’était pensé sans exagération. La jeune princesse détournait le regard, franchement mal à l’aise chaque fois que cet inconnu lui donnait un aperçu de sa virilité, luisante et humide, qui venait de servir. Elle ne voulait même pas savoir combien de femmes étaient passées dessus dans ce lit - elle les avait vues sortir de la chambre mais tentait d’oublier leur nombre imposant. L’idée même que des rapports charnels aient eu lieu dans le lit qui devait être le sien la dégoûtait. Et pas que des rapports charnels. Ils étaient de ceux qu’elle désapprouvait : sans amour et avant le mariage ! Elle doutait fortement que les femme croisées en entrant aient toutes considéré ce mâle en rut comme l’homme de leur vie. Il n’y avait pas une once d’amour là-dedans.

L’homme se releva, et elle craint un instant qu’il ne vienne se plaquer à nouveau sur elle. Si c’était cela, elle l’attendait. Elle lui enverrait sa petite main royale au visage, main chauffée à blanc par son pouvoir du feu pour que s’étampe à jamais la conséquence de la perversion de cet homme sur sa joue. Mais il bifurqua juste à temps pour éviter la punition de la princesse et prit vers le bassin, où il s’immergea. Sage décision que celle de vous changer les idées, songea-t-elle. Très sage. Elle ne put s’empêcher de remarquer le petit volatile à écailles qui se débattait pour reprendre son souffle et se dépêtrer de sa chevelure mouillée quand il émergea enfin. Puis, le petit lézard s’envola vers elle et se posa sur son épaule. Elle sentit ses petites griffes pointer sur sa peau, même au travers de son épaisse cape de laine. Elle grimaça mais, à l’instar du dragon, elle ne poussa aucun juron. La petite bête pestait allègrement contre cet inconscient d’ange déchu... Ange déchu ?

-Un ange ? Vous êtes un ange ?

L’homme hocha la tête sans la regarder vraiment, mais précisa bien “déchu”. Xenaeve grimaça.

-Et moi qui croyais que les anges avaient plus de classe et de savoir vivre que les démons ! Allez savoir pourquoi vous avez été banni !

Il y avait un mépris facilement notable dans sa voix. Pas moyen de s’y tromper. L’ange déchu releva la tête vers elle, ses yeux vitreux étaient tout de même un peu moins perdus que tout à l’heure. Mais malgré l’agacement certain qu’elle pouvait y lire, il était parfaitement visible que la lueur du désir y brillait encore. C’était d’autant plus visible sous ce bout de tissu qui ne cachait pas grand chose, ce bout de tissu sur lequel notre charmante princesse essayait de ne pas loucher.

-Quant à la chambre, pas question de la partager ! Ou alors vous dormirez dans la baignoire.

-Mais l’aubergiste nous a offert la clé, mademoiselle, glissa le dragon à son oreille. Et nous y étions avant.

-Mais l’aubergiste m’a donné la clé il y a de cela plusieurs heures, m’assurant qu’elle serait libre à mon retour, argumenta-t-elle.

L’ange déchu marmonna quelque chose qu’elle ne comprit pas, probablement que l’alcool était trop présent dans son sang. C’était sans doute cela. Les hommes n’y voyaient plus clair quand ils buvaient. C’était un fait connu depuis des années.

-Mais visiblement il s’est trompé, dit-il d’un ton brusque. Alors soit vous partez, soit vous partagez cette chambre. Moi je n’y vois aucun inconvénient.

Xenaeve n’avait pas l’habitude de se faire parler de la sorte, sinon par ses parents. Et elle détestait cela. Elle ravala son mépris pour l’ange et essaya de demeurer calme. Elle eut envie de lui balancer à la tête son titre, et lui ordonner de ficher le camp ... Mais s’il ne l’avait pas encore reconnue, cela voulait dire qu’il n’irait pas, en sortant d’ici, tout raconter à monsieur son père et la ramener immédiatement au bercail. Elle hocha donc la tête. Elle trouverait bien, au bout d’un moment, un moyen de faire déguerpir cet homme de ses quartiers d’un soir.

listening to Eminem - Superman