Ne pas déranger un démon trop calme... [Terminé]

C'était un jour funeste. Serenap était de morne humeur, mais il avait conscience du poids qui pesait sur ses épaules et il voulait offrir ce dernier hommage à ses compagnons d'armes. Effectivement, quelques jours plus tôt, les démons étaient tombés dans un piège et avaient subis une défaite cuisante. Le Prince lui-même avait été blessé. Pourtant, en tant que responsable de bataillon et haut gradé, il aurait du être à l'arrière, tranquillement protégé. Mais quand il avait vu arriver la défaite et qu'il avait senti que la retraite allait être sonnée, il s'était élancé dans la bataille. Son but n'était pas de renverser la situation, il n'était pas assez sot pour penser pouvoir réaliser un tel miracle seul, non, il voulait ramener les corps de ses soldats et ainsi leur offrir des funérailles dignes de ce nom. Alors que le Prince protégeait les corps froids ou blessés pour les ramener vers l'arrière garde et les faire évacuer, ses soldats avaient réalisé le miracle, résistant et le protégeant pour lui permettre d'avoir les quelques minutes nécessaires à sa missions suicide. C'est quand il avait été gravement blessé au bras que ses supérieurs, stupéfiés par son acte, s'étaient décidés à sonner la retraite. Le Prince était alors rentré dans une rage folle car une dizaine de corps étaient encore sur le champ de bataille. On l'avait forcé à reculer et la troupe avait fuit.

Il avait d'abord été puni pour son acte égoïste et fou. N'avait-il donc pas conscience de son rôle et de son rang ? En tant que chef de guerre, il se devait de rester en vie. Encore plus en tant que Demonic Prince. Mais, bien sûr, il fut ensuite félicité et remercié pour son acte héroïque. Les têtes pensantes estimaient qu'il en avait déjà fait beaucoup mais Serenap n'était pas de cet avis. La nuit tombée, il s'était paré de ses ornements royaux et s'était présenté au camp ennemi réclamant les corps de ses hommes pour leur offrir une sépulture digne de ce nom. Jamais les démons n'avaient mutilé les corps ennemis pour que ceux ci, une fois le champ de bataille libre, puisse en faire autant. La présence du Prince en personne, blessé, et sa demande humble firent mouche. On le laissa partir avec les corps de ses soldats morts. C'était, étrangement, une guerre civilisée où les soldats étaient respectés pour leurs sacrifices. Serenap déposa les morts en compagnie de ceux qu'il avait sortis du champ de bataille pendant le combat et personne n'en su jamais rien.

La veille, le Prince et les autres décisionnaires avaient été relevés pour pouvoir enterrer leurs morts. D'autres les avaient remplacés sur le champ de bataille car la guerre ne cessait jamais. Les généraux, en tenues d'apparat s'étaient rendus sur les Terres du Repos où avait été creusé un trou immense et disposés les corps en armures des soldats morts au combat. Tous étaient au garde à vous quand le Prince était arrivé sur les lieux. Il avait fait un détour par le château pour récupérer quelque chose qu'il n'utilisait pas vraiment sur le champ de bataille : ses attributs royaux. Il portait toujours son pantalon de peau épaisse avec le symbole de la famille royale en ceinture, bien sûr, mais il y avait ajouté un lourd plastron en cuivre ses cheveux étaient enserrés dans un diadème d'or. Ses poignets et ses ailes étaient ornés de pierres et à la ceinture il portait une épée, lui qui préférait les armes de feu avait été jusqu'à mettre à sa ceinture la lourde épée princière.

Il arriva par les airs et, dans un grand coup de vent provoqué par ses immenses ailes, il posa pied à terre. Majestueuses, ses ailes restèrent déployées alors que tous s'inclinèrent devant lui. Le Prince accordait aux morts l'honneur de sa bénédiction. Le port altier, le regard fier, il s'avança vers le bord de la grande sépulture. Plusieurs boules de feu quittèrent ses mains pour allumer les différents flambeaux et il entama le rituel confiant les âmes de ses guerriers aux divinités et leur décrivant la délivrance qui les attendait et la félicité qu'ils méritaient en guise de remerciement pour leurs services rendus à l'empire démoniaque. Alors qu'il faisait les grands gestes imposés pour le rituel, il ne prit pas garde à sa balafre à peine refermée qui s'était rouverte laissant couler son sang le long de son bras droit.

Finalement, il demanda le silence et posa un genou à terre. En tant que monarque, il remerciait les âmes de ses soldats d'avoir donné leurs vies pour que lui vive car c'était ainsi que les choses étaient vues par la Demonic Royalty. Pour une fois, c'était vraiment la réalité des faits. Quand il se relèverai, il ferait signe qu'on jette les torches dans la fosse. Les Démons étaient des créatures de feu, le maîtrisant et y résistant, ils étaient donc enterrés avec ce feu puissant. Ce feu que le Prince lui même avait généré en arrivant. Et, dans le brasier, on jetterai de la terre jusqu'à étouffer les flammes et recouvrir les corps. Après, chacun resterait le temps qu'il voudrait et quitterait les lieux par la voie des airs en silence. Le Prince comptait rester un peu plus longtemps pour passer sur la tombe royale et admirer l'emplacement qu'il comptait remplir du corps de son père le plus tôt possible.

Le Prince se leva.

C'était un jour d'ennui, je me baladais dans les même coin, je mangeais les même viandes, je jouait aux même jeux. La meute ne m'aportait pas grand chose, les humains non plus. Trop violents qu'ils sont, je n'ose plus les aprocher depuis quelques temps. Le mileu forestier manque de profondeur tout de même, je souhaiterais rencontrer quelqu'un qui me comprenne, car je ne peux pas choisir entre les choses que je suis, je serais malheureux, je le sais, j'en ai tellement vu, des créatures comme cela, des Garous. Malheureux sous forme humaine, malheureux sous forme canine, ils finissent par mourir seul dans la misère, après être devenu fou, depressif, après avoir passé sa vie à courir après le bonheur, sous quel forme qu'il soit, dans le meurtre, dans le sexe, dans la violence, dans les drogues.
Et c'est vain.
Moi j'essaye de pas oublier qui je suis vraiment, j'essaye d'avancer, même si j'en chie un peu. Aujourd'hui tout du moins. Voilà, des fois, comme tout le monde, j'suis un peu angoissé pour mon absence d'avenir. Peut être un jour je m'oublierais totalement et je deviendrais un loup ou un humain, pour toujours. Mais là, je suis à la croisée des mondes, j'ai le choix, j'ai une vision élargie. Le monde sauvage et le monde civilisé, je comprend les deux sans pour autant que ça soit confus. Quelque part, c'est enviable. Mais d'autre part, non. Imaginez ce que la majorité de l'humanité pense de moi... Que je dors dans ma merde, que je suis cannibal, ce genre de truc. Mais jamais ô grand jamais je n'ai mordu un humain. Pourquoi ? Parce que j'en suis un, et que je suis pas un porc. J'ai une conscience, je m'en sert, un peu, point barre.
Je trottine ainsi depuis plusieurs jours à travers le monde, avec cette forme de loup infatigable. J'admire la beauté, je chasse, je dors sous un rayon de soleil, et je repars. Je regarde ce qui évolue sous d'autre cieux, je m'éloigne. Loin, je crois, très loin. A la recherche du bonheur ? Peut être, ou peut être pas. Comment je peux savoir moi ? Je me balade, c'es tout.
Puis je hurle aussi, quelque fois, c'est une source de grand plaisir pour moi de faire ce genre de chose. Mais je le fais pas souvent, parce que c'est très intense, et j'ai peur que ceux qui m'entendent puissent comprendre les secrets de mon âme....
J'arrive dans un endroit qui sent la mort, la douleur et la dignité. Un cimetière. Des gens regrettés, tout ça tout ça. Mais moi, j'ai envie de chier, alors j'avance à pas prudent, discret comme je sais l'être. Je fais ma petit affaire dans un coin tranquille, et je vais un peu plus loin dormir, il n'y a personne, c'est cool.

...

Oh merde...
Cette scène est magnifique, des tas de démons emplie de douleur et de dignité cèlébrant leurs morts. Comme c'est sympa. Malheureusement, je doute qu'ils aprécient que j'ai chié sur leur ancètres, ça doit être un sacrilège, un truc comme ça. Je décide donc d'aller voir ailleurs si j'y suis, mais je sais pas trop comment m'y prendre. Ouais, ils m'ont pas vu jusque là, parce que je suis loin, mais le problème, c'est que pour sortir, faut que je traverse l'assemblée. C'est une île, et y a pas trente six moyens pour trouver un coin que je puisse traverser à la nage tu vois. Au pire, je peux attendre, mais c'est au risque qu'ils viennent ici tu vois. Je me traine avec toute la discrètion dont je suis capable vers la sortir, en contournant au maximum la foule. Ne me repèrez pas, ne me repèrez pas ! Puis là, comme un gros con, je marche sur un os qui craque sous moi, et je pousse un petit cri de terreur. Un os de démon ! Un os de démon ! Il porte le mal en lui, forcément ! Ô Grand Dieu ne me ramène pas encore vers toi, oh... Je crois que ce qui m'a définitivement grillé, c'est le « OH MEEEEERDE ! » que j'ai connement lâché après m'être aperçu que j'avais crié.

Oh le con.

Oh putain le con...

Je vais mourir, ici et maintenant, réduit en pièce par une assemblée de démon en deuil. Je connais pas trop ces bêtes là, mais si ils valent leur réputation, je vais mourir dans d'atroce souffrance en maudissant ma mère pour m'avoir fait... je tremble, je respire trop vite, j'ai les yeux fous, et je court partout, essayant de fuir cette masse de démons qui se raproche de moi, l'air furieux.

- Me tuez pas ! Me tuez pas ! J'en ai pas fais exprès, d'solé d'solé ! Bouhouhou...

Si je pouvais pleurer de panique, je le ferais, mais je peux pas, alors quand il y en a un qui se rapproche trop près, je le mord, ou du moins j'essaye. Je saute, je fuis, j'esquive.

Et je m'en sors pas.

Le Prince se leva et son bras ensanglanté monta vers le ciel pour indiquer qu'il était temps de laisser le feu tout envahir. Mais à ce moment un cri l'interrompit. Quelqu'un ou quelque chose derrière le Prince avait crié puis juré. Ce qu'il s'était passé et qui était cet importun, cela importait plus. Deux démons partirent pour le faire taire avant que le Prince n'ait dit quoi que ce soit. Deux Berserks qui immobilisèrent rapidement la bête se débattant comme un diable. Le Prince avait toujours le bras au ciel, il ne s'était pas tourné et attendait. Finalement, il lâcha d'une voix autoritaire et très calme :

"Faites le taire et revenez, je ne veux pas qu'une joute interrompe le rituel."

Un bruit sourd. Le son étouffé d'une masse tombant à terre. Et les deux hommes étaient de retour, demandant pardon d'avoir été si long. Sérieux et concentré, le Prince hocha de la tête lentement. Son bras levé devenait douloureux. Il sentait le sang couler sur son aine mais ne montrait rien de cette gène. Il forma une boule de feu dans sa paume et laissa tomber son bras dans un geste de balancier, lançant la flamme au centre de la fosse. Tous les chandeliers furent renversés et on lança de la terre pour recouvrir les corps. Plusieurs minutes plus tard, le rituel terminé, l'un de ses compagnons d'arme vint s'inquiéter de sa blessure qu'il tenait fermement depuis un moment. Serenap le laissa faire sans y prendre garde et se tourna vers la bête assommée.

C'est à ce moment là que les autres démons se souvinrent de l'interruption qu'avait subit le rituel. Certains étaient déjà parti mais ceux qui étaient resté observaient le Prince pour connaître sa réaction. Il avait été parfait pendant tout le temps de la cérémonie mais même ceux qui vivaient constamment avec lui sur les champs de bataille ne voulaient pas le croire digne d'être un monarque et attendaient la moindre erreur. Il était las et son bras le lançait. Il soupira.

"Reveillez-le."

L'ordre avait, encore une fois, été dit d'une voix calme, presque absente. On finissait de penser son bras. Il avait refusé de porter un bandage pour la cérémonie mais il ne pouvait décemment plus refuser. Il soupira. "Reveillez-le" aurait pu se traduire pas une petite baffe de démon, mais il y en eu trois et un coup de pied. Les guerriers, même hauts gradés, se montraient peu civilisés. Cet être était, apparemment un Garou (sans blague ?) sous forme animale. Les Terres du Repos n'avaient jamais été réservées aux démons et cette… chose avait le droit d'être là. Serenap se voulait juste mais réussirait-il à l'être au milieu de ces requins excités à la vue du sang ? Le Prince n'avait aucun respect particulier pour ces bêtes sauvages qu'étaient les Garous mais il arrivait un peu mieux à supporter les êtres qui préféraient garder leur réelle apparence plutôt que de se faire passer pour ce qu'ils n'étaient pas : un humain. On avait soulevé la bête qui ne touchait plus terre et elle était maintenue par deux Berserks. Avant que le prisonniers n'eut le temps de supplier, Serenap prit la parole.

"Garou, je suis Serenap, Prince Démon, je veux savoir pour quelle raison tu as interrompu la cérémonie de crémation de mes soldats morts au front."

Ce n'était pas une question mais un ordre posé sur un ton des plus dangereux à un bête affolée. Le démon leva la main pour qu'on lâche l'animal et qu'on lui laisse sa dignité. Il se sentait lasse de tout ce devoir d'être et de paraître. Il attendait la réponse pour savoir quoi faire de cette chose.

[HJ : je ne t'ai pas laissé beaucoup d'ouverture, ça ressemble à notre tout premier rp… Tu peux faire jouer les démons ^^]

Le mec se leva et m'accorda le pardon et absolution en ordonnant de « me faire taire ». 'videmment, je doute qu'il se contente de m'ammener gentillement plus loin pour me poser délicatement sur un matelas de plume en me servant un petit verre de vin pour me faire patienter.

Tonk qu'a fait le bruit de la massue sur mon crâne.

Gros blanc.

J'ai mal d'un coup aux côtes....
Résumons la situation : Je suis en train de me réveiller au milieu d'une bande de démons furieux (Pléonasme. ) en plein séance d'enterrement tout triste bouhouhou. Bon, ils ont pas remarqué que j'avais chié aux milieu de leurs morts, et à mon avis ça leur plairait pas. Je ne vais pas leur dire, donc, je laisse l'honnêteté aux autres voyez vous. Pas masochiste le Faol, surtout quand il s'agit de bêtes obscures, tout ça tout ça. Les démons ont vraiment pas bonne réputation de là d'où je viens... Mais d'où je viens d'ailleurs ? Je ne sais plus, je ne me souviens plus du nom de mon village d'origine, j'en garde si peu de choses... Les murs de chez moi étaient en bois, je n'aimais pas ce que maman me faisait à manger, parce que trop végétal. Des trucs comme ça, des détails con, pas le plus important en somme. Mais c'est quoi le plus important ? Qu'est ce que j'aurais dûs garder de ces premières années de vie sur terre ?

Rien.

Je regarde le ventre du Grand Démon qui me fait face, et ça se voit que c'est le chef, parce que c'est celui qui fait le plusse peur et qu'il commande aux autres. Vous l'avez reconnu ? C'est celui qui voulait me faire taire ! Des grosses bêtes me portent, et je peux pas m'enfuir, Grand Dieu sait que j'aimerais bien pourtant. Donc, je disais, la grosse bête me parle.

- Garou, je suis Serenap, Prince Démon, je veux savoir pour quelle raison tu as interrompu la cérémonie de crémation de mes soldats morts au front.

Prince Démon... Ouais, un genre de chef quoi. Je pousse un vague « Gnéééé ? », parce que je suis genre un peu sonné quand même, et je me mets à fixer intensément son bras droit. Ses yeux ? Je ne les verrais probablement jamais, son visage non plus d'ailleurs. Mais, pour ne pas trop baisser la tête et faire preuve d'une soumission que je ne ressens pas, je fixe son épaule droite, donc. C'est près de son visage, mais pas assez pour me mettre plus mal à l'aise que je ne le suis. Respirer. Calmer. Répondre.

- Euh... Vraiment désolé « Démon »,je sais pas, il m'appelle par ma race, alors je l'appelle par la sienne. Je pense que c'est une manière de se saluer chez les démons, alors que moi je trouve ça ultra dédaigneux, mais on doit pas avoir les même références de politesse, je m'étais endormis dans les parages, et quand je me suis réveillé, vous aviez entamé vos hommages, et je n'ai pu m'en aller discrètement...

Vous avez vu quand je parle bien quand il s'agit de démons en nombre largement supérieur ? Magnifique hein ? Vouvoiement, tout ça tout ça. Admirez moi, je le mérite, mais pas trop non plus, parce que je pense que j'aurais pu mettre des mots plus classe et plus poli.
Un démon me donne un coup dans le dos « accidentellement pas exprès », et je grogne en réponse, par un stupide reflexe né de nombreuses années à trainer dans une forêt où j'étais le plus dangeureux prédateur. La bête n'ose pas me refrapper en retour à cause de son chef, mais je sens d'ici le mépris que je lui inspire et la furieuse envie de me tuer qui la possède. Vas te faire foutre, je n'ai pas décider de mourir ce soir.

- Faut il que je change de forme ou celle ci vous conviens Mr le Serenap Prince Démon ?

Souvent, les gens s'offusque d'un rien, comme le fait que je me tienne assis sur mon séant et que je parle alors que j'en ai pas normalement la capacité physique et intelectuelle, ils préfèrent parler à un truc qui se tient sur deux pattes. Vous me trouvez servile ? Et bien vous avez totalement raison ! Mais osez une seule minute dire que vous seriez plus courageux à ma place, je vous mange.

"Démon", Serenap tiqua quand le loup l'appela de cette manière. Etait-il totalement idiot ou simplement suicidaire ? Pourtant, sentant les regards peser sur lui, il se força au self contrôle et écouta les paroles de l'animal. Bon, si on partait du principe qu'il ne mentait pas, il n'avait pas fait exprès de les interrompre. Le jeune démon soupira. L'un des démons présents, pour rappeler au Garou qu'il devait respecter le Prince lui assena un coup dans le dos. Le regard de Serenap suffit à ce qu'il ne recommence pas. Il était las, à quoi servait de traiter un tel cas. La bête était passée par là, point. Qu'on le laisse aller prier ses ancêtres. Le Prince avait étrangement besoin de solitude, la présence des généraux de l'armée le dérangeait un peu, finalement.

Il allait se détourner avec dédain en donnant l'ordre de libérer la bête quand celle-ci repris la parole. Brusquement, il tendit le bras et referma fermement sa main griffue sur le museau de l'animal, le forçant au silence. Son regard brillait d'une colère violente. Encore une fois, il faisait preuve des premiers signes de la mise en place d'une aura terrifiante. Il parla d'une voix froide et brûlante en même temps, une voix chargée de menaces :

"Ecoutes moi bien, Garou, tu vas m'appeler "Monseigneur" et plus autrement si tu ne veux pas que je fasse en sorte que tu m'appelles "Maître" pour le reste de ta vie… qui risque d'être courte."

Il desserra son étreinte et se redressa lentement. Ca faisait longtemps qu'il n'avait pas eu d'animal de compagnie. Un loup en cage, ça lui changerai des fées trop faibles et trop… féminines. Il eut un sourire mauvais avant de continuer :

"Peu m'importe la forme que tu prends pour me parler, Garou, tant qu'elle est respectueuse envers moi. Mais si l'alternative est une forme humaine, ça risque de me donner encore plus envie de te dépecer… Libre à toi de changer d'apparence."

L'effet fut assez satisfaisant puisque l'animal se ratatina un petit peu plus sur lui même. Un petit rire s'échappa de ses lèvres alors qu'il se détournait en faisant un geste pour indiquer que la chose ne l'intéressait plus. Les démons relâchèrent le Garou mais ne partirent pas pour autant. Certains, après s'être profondément inclinés, déployèrent leurs ailes et quittèrent les lieux alors que d'autres demandèrent quoi en faire. Débarrassé des plus gradés des démons et Serenap se senti un peu plus libre et c'est d'un geste dédaigneux qu'il répondi.

"Laissez le, ce n'est qu'un chien qui a trouvé un nonosse… Je vais me recueillir sur la tombe royale, vous pouvez vous retirer."

Le démon s'était ouvertement moqué du Garou, juste histoire de voir qui serait le plus fort entre la fierté et la peur chez cette bête. Les démons restant s'unirent dans un "Bien, Monseigneur" et quittèrent les lieux à leur tour. Il ne restait que Serenap et le Garou. Le Prince se dirigea vers un grand mausolée au Nord de l'île mais après avoir fait quelque pas, sans même vérifier que si la bête était encore là ou non, il demanda :

"Portes-tu un nom, Garou, ou n'es-tu pas assez développé pour cela ?"

Il avait de nouveau une attitude détachée. Bien sûr, il n'avait pas congédié l'animal mais si celui-ci était parti, il l'aurait compris. Par contre, s'il était resté, il avait intérêt à répondre. Il venait de laisser passer une chance de s'en sortir. Peut être d'autres se présenteraient, peut être pas…

Il ensera mes machoires avec sa main. Connard. Ouais, c'est un foutu connard, mais un connard avec des ailes et des grosses cornes, surement avec des pouvoirs bien casse burnes en plus de ça, qu'est ce que je peux poser comme résistance face à ça alors que j'ai assez la trouille pour m'uriner dessus hein ? Puis bien sur, des menaces avec ça, bon ben j't'appelle Monseigneur si tu veux, qu'est ce que ça peut me couter à moi de te donner ce titre là ?
Il lâcha mon museau et répondit à ma question précédente. Okay, je reste à quatre pattes alors, c'est plus confortable pour moi, et, surtout, je peux m'enfuir plus vite en cas de besoin. Je me mit en position de défense, au cas où il m'aurait sauté dessus. Et puis des fois que mon corps prenne une autre forme à l'improviste, ça peut arriver parfois, je contracte mes muscles pour pas que ça se produise. Une petite superstition que vous pardonnerez n'est ce pas ? Oui je le sais, vous ètes indulgent vous autres...
Les démons commencent à partir, je me sens moins opressé d'un coup. Moins de bestioles immondes, on se sent mieux tout de suite ! Bon, il en reste encore quelques uns, mais là je peux enfin trouver le courage de me mordiller la patte avant qui me gratte. En fait, ça m'est même pas passé par la tête de m'enfuir à toute patte, j'ose penser qu'avec ses ailes et tout ça, il me rattraperai assez facilement. Mais peut il seulement voler ?

- Faoiltiarna Nola.... Euuuh... Mon... Seigneur...

Je baisse piteusement la tête, ouais, je l'ai appellé Monseigneur, je peux me pendre maintenant. Quoique, je sais même pas si je peux tresser une corde, jamais essayer. Je peux pas faire grand chose de mes mains, j'ai jamais maitrisé l'art subtil de tenir des couverts, par exemple. Ou encore, j'ai jamais pu avoir un « boulot » correct. Nan mais j'peux tenir des trucs entre mes « mains », quand même, mais pas le manipuler avec toute cette subtilité qui vous caractèrise, très cher humains. J'adorerais que vous m'expliquiez un jour comment on fait quand même.
Enfin bref, même si j'ai des pouces, je peux pas me pendre à la seconde. Dommage hein ?
Bien sur, depuis qu'il me parle, je fixe son épaule, toujours, depuis tout à l'heure. Peu importe, il a dû même pas remarquer. Je connais mal les démons, mais sont ils tous aussi cons que leur dirigeant ? J'espère pour eux que non, parce que sinon ça doit être un sacré bordel leur royaume...

- Je peux... Euuuh... Partir maintenant ?

Ouais, okay, j'ai déranger pendant qu'ils cramaient leur morts, mais c'bon quoi, je passais juste par là... S'il vous plaît ? C'est sans m'en apercevoir que je me suis mis à faire des aller et retour sur à peu près deux mètres de longueur, comme un animal en cage à moitié. Me taper pas monsieur s'il vous plaît.... Puis en plus j'aime vraiment pas le feu, c'est tellement instable, ça te saute à la gueule, tu peux pas le tenir entre tes mains. Pas assez contrôlable comme élément voyez vous. Je veux pas mourir brûlé moi...

- Oui nan mais euuuh... Je viendrais plus sur vos... Tombes. Promis. Nan mais je voulais juste voir c'tout parce que j'adore marcher un peu partout et puis là je viens de l'Ouest parce que y avait plein de truc à manger dans les forêt locale et tout et il faut bien que je mange hein vous voyez ? Alors j'ai voulu voir ce coin là et puis c'est une île alors comme je suis jamais trop allé sur une île ben je voulais voir ce que ça faisait d'être entouré d'eau, mais j'aime pas trop la mer parce que c'est salé et ça gratte quand on sort de l'eau. Mais vous ètes déjà aller à la mer hein ? Non, pardon, je m'égare et euh nan mais elles sont très jolies vos tombes hein ! J'aurais jamais dormit au milieu de vos morts si je l'avais su, j'vous jure, mais j'ai trop à fond le respect des morts d'en dedans de mon corps, d'ailleurs je connais un mort très sympa et...

Oui, le stress à son paroxisme me rend extrèmement bavard, désolé....

Nola. Le démon resta pensif. Ainsi, les loups, comme les humains, portaient un nom "de famille". Chez les démons, il arrivait souvent que cet attribut ait disparu avec le temps. La famille royale, par exemple, n'avait pas de nom. Il avait été oublié des décennies auparavant (au moins). Ces bêtes se rapprochaient donc plus de l'homme que du démon. Quoi que, à la réflexion, c'était assez normal. Les Loups et les hommes n'étaient-ils pas des animaux ? Et puis rien ni personne ne pouvait égaler la si parfaite race des démons. Serenap sourit à cette conclusion.

Bien sur, Faoiltiara ne pouvait s'en rendre compte puisque le Prince marchait vers les tombes royales en lui tournant le dos, mais cela n'avait vraiment aucune importance. Comme pour s'étirer, alors qu'il approchait de sa destination, il étendit grandement ses ailes. Il aimait bien les avoir dépliées derrière lui, mais leur taille imposante était parfois mal adaptée aux lieux trop exigus. Elle avait un autre avantage, déployées : elle agissaient presque comme des antennes et, sans le voir, il pouvait sentir que l'animal dans son dos était entré en mouvement et semblait errer de manière assez nerveuse. Soudain, le loup garou se mit à parler, à parler, à parler… Il ne semblait plus vouloir s'arrêter. Serenap ne l'écoutait pas vraiment. Il ne l'écoutait pas du tout en fait, se désintéressant totalement du contenu de ces paroles incessantes. Mais leur "mélodie" finit par l'insupporter et c'est d'une voix ferme, brutale et cassante qu'il ordonna sans se retourner :

"SILENCE !"

Sa voix sembla s'envoler vers l'horizon mais l'effet escompté avait été obtenu [HJ : je me permets de dire qu'il s'est tut… au moins momentanément…]. Arrivé devant la tombe de ses ancêtres, le Prince posa un genou à terre en repliant ses ailes. Il baissa la tête un demi millième de seconde et la releva aussitôt comme pour provoquer ces démons qui avaient péris pendant la grande guerre qui avait opposé sa race aux anges. Aujourd'hui encore, le combat continuait, mais sa force n'avait rien à voir avec ce qu'il avait été par le passé. Il écarta les bras et deux énormes boules de feu apparurent dans ses paumes. Il les envoya danser autours des tombes dans un ballet flamboyant avant de s'engouffrer dans les "lampions" préparés à cet effet. Il s'agissait en fait de petites niches ornementales en pierre dans lesquelles les boules de feu prenaient place et restaient jusqu'à ce qu'elles ses soient consumé elles mêmes. Le Prince les y laissa donc et prit la parole d'une voix forte et ferme.

"Ô Nobles Seigneurs qui m'avez précédé sur la terre d'Ygrath, moi, Serenap, Demonic Prince, je vous voue une dévotion et un respect sans mesure et j'implore votre aide. Mon père, le Roi Izerael, a fait son temps. Pour le bien de notre race, il doit quitter sa place pour la laisser à la nouvelle génération. Le Roi ne quitte plus son château, il ne sait rien de la guerre ni de son peuple, il n'est plus digne de sa place. Aidez moi, Nobles Ancêtres, permettez moi d'acquérir la force et la puissance pour le détrôner. Conduisez moi et guidez ma main pour qu'il vienne se joindre à vous en ces Terres de Repos. Accordez lui la Paix et à moi le Pouvoir."

Il avait crié dans le vent et s'était tut, comme s'il attendait une réponse… qui ne vint pas. Pourtant, il resta là un bon moment avant de s'incliner à nouveau et de se redresser. Il avait adressé sa prière aux anciens. Il avait enfin prononcé à voix haute son projet, le désir qui brûlait au fond de ses cœurs démoniaques. Il ne lui restait plus qu'à terminer sa maturation, devenir Berserk et renverser son père. Il ne doutait pas une seule seconde que son projet aboutirait par une victoire. Après un dernier geste de la tête, c'est avec un sourire vainqueur au visage qu'il se tourna en dépliant ses ailes, prêt à prendre son envol. Il avait déjà décollé de plusieurs centimètres quand son regard se posa de nouveau sur l'animal poilu qu'il venait de découvrir.

"Nola.", il n'avait même pas pris la peine de retenir le prénom compliqué, "Tes pas t'ont conduits jusqu'à moi. Considères cela comme un signe du destin. Que dirais-tu d'entrer à mon service ?"

Malheureusement pour le Loup Garou, cette proposition ressemblait plus à un ordre qu'à autre chose…

[HJ : en espérant que ça te plaise...]

Le démon hurla un gros Silence, et j'ai fermé ma gueule, donc. Je veux pas me faire tabasser la gueule moi, donc j'ai entreprit de me lécher une patte avant avec une intense concentration. Les pierres entre les coussinets, c'est le mal, ça blesse et ça pique quand tu marche. A grand coups de langues et avec mes dents, j'enlève tout ça.
Le démons alla un peu cramer ses ancètres, avec des boules de feu ornementale. Qu'elles resent pure décoration, merci. La vision d'une énorme boule me fonçant à la gueule pour me cramer me traverse l'esprit, et ma patte arrière droite vint gratter nerveusement le derrière de mon oreillle. Mine de rien, je tiens pas tellement à mourir. Bizarre hein ? Ouais je sais, mais plutôt sain dans le fond non ? C'est peut être mon coté Garou qui m'empèche d'avoir des idées de suicides, sympa.
Le type lâcha un long monlogue sur ses désirs de promotion démoniaques, et je m'en foutait intensément. Mais j'écoutait quand même, un peu, pour le fun. J'aime particulièrement le passage où il dit qu'il veut que son père crève, c'est fun. Moi pendant ce temps j'm'en lèche le ventre de mépris. En fait, quand il est pas près de moi ce mec, je respire bien mieux. J'te parle pas quand il y a cent mille démons autour de moi en même temps. Là, c'est l'horreur totale, à croire que ces mecs te manipulent mentalement pour que tu te pisses dessus de trouille. Dingue nan ? Enfin, passons. Le « Demonic Prince » resta un moment silencieux devant le repose-cadavre de ses aïeuls tandis que je me donnait de grands coups de langue rapeuse sur le dos pour nettoyer un peu tout ça.
Le mec retourna vers moi, et mes pulsions d'hygiène furent tuées dans l'oeuf. Il m'appella par mon nom de famille, puis me demanda si ça me disait pas par harsard de servir un démon sanguinaire et maniant les boules de feu. Bon, trouver une manière polie de refuser. Un truc subtil et délicat, qui me ferait pas avoir la gueule cramée. Hum, réfléchissons.

- Vas te faire mettre.

Mais bon, aussitôt, j'm'en suis mordu les doigts d'avoir dit ça. Comment dire ? Il était pas assez près de moi à ce moment là pour que je suis sous l'emprise de la peur qu'il m'inspirait habituellement. Je sais pas commen,t ça se faisait, mais ça se jouait à une question de mètres.
Je courrais en cercle de plus en plus large, cherchant une issue avant de cramer. Tout droit, et très vite, voilà la seule option que je vis à mon casse tête. Les muscles de mes pattes et de mon dos furent solicités et je me détendit d'un coup pour faire un gigantesque bond loin de la scène. Tant pis si il courrait, tant pis si il me lançait des boules de feu, je pouvais plus faire marche arrière de toute façon.
J'aime mes pattes quand elles courrent comme ça, j'ai une grande impression d'utilité. Presque de grâce aussi, le sprint canin ça a sacrément la classe, y a pas à tortiller du cul. Mais là, je veux de la vitesse, je veux de la souplesse. Faut que je décare mon cul d'ici. Hop hop hop pattes devant derrière devant derrière ....

Serenap, en "proposant" au Loup de se mettre à son service, pensait bien plus à une bête de somme, un soldat, un esclave. Il voulait créer sa propre armée à sa manière mais il s'avait bien que ça ne serait pas un animal dans ce genre qui l'aiderai à renverser son père mais c'était un bon début. Il voyait déjà comment il pourrait se servir de l'animal et même où il l'installerait. Il allait d'ailleurs en rajouter une couche, exposant les avantages en nature de cet échange mais le Loup se décida à lui répondre.

Serenap resta interloqué un instant alors que la bestiole, affolée, c'était mise à tourner en rond. Il était là, à quelques centimètres du sol, son sourire avait disparu et il se demandait s'il avait bien entendu. C'était la première fois qu'on osait lui parler de la sorte, il ne savait même pas que c'était possible. Un sourire terriblement mauvais se dessina sur son visage et ses yeux se mirent à briller d'une écrasante aura maléfique. C'est d'une voix lourde de menaces qu'il répondit :

"Je ne voyais pas vraiment les choses dans ce sens là…"

C'est à ce moment là que Faoiltiarna se mit à détaler sans direction précise. Visiblement, se rendant compte de ce qu'il avait fait l'animal ne pensait plus qu'à fuir sans même réaliser qu'il était sur une île et que, s'il ne prenait pas la bonne direction, il se retrouverait bloqué entre Serenap et un mur d'eau infranchissable.

D'un énergique battement d'ailes, le Prince s'élança à la poursuite de l'animal en fuite. Son état d'esprit était un mélange entre la colère et le rire. Il trouvait cet être amusant mais aussi irritant et voulait lui faire comprendre qu'on ne refuse rien ~~au Seigneur des Ténèbres~~ au Demonic Prince, Serenap d'Ygrath. En quelques claquement d'air, il avait pris une bonne vitesse et s'élançait avec délectation à la suite de sa proie. De sa main gauche, il lançait des boules de feu non pas sur l'animal (il pouvait encore servir) mais sur la route à ses côtés pour lui faire peur. Malheureusement, le Loup Garou était visiblement rompu à ce genre d'exercices car il prenait lentement de la distance alors que Serenap se lassait de cette chasse à l'homme sans grand intérêt. La bête ne valait pas la peine qu'il se fatigue comme ça.

Riant à gorge d'éployée pour terrifier sa victime il s'arrêta et le regarda détaller comme un animal qu'il était. Le Prince lança une dernière boule de feu sur un arbre mort qui s'enflamma aussitôt et cria à l'adresse de la chose disparaissant déjà dans un nuage de fumée.

"Crois-tu vraiment pouvoir me fuir ? Crois-tu vraiment être capable de me résister ? Ou que tu ailles sur le continent tu recroiseras forcément ma route… Et je gouterai au Loup Garou rôti !"

Le rire mauvais du Prince démoniaque résonna dans le silence de la terre du repos. Cours Forest, cours…

[Topic terminé pour cause de rp pas motivant.]