Promenons-nous dans les bois... [PV]

Nolwën ne sortait que rarement à l’extérieur des souterrains où elle vivait. Elle n’en voyait pas l’intérêt et les autres Fées le lui conseillaient souvent. Cependant, depuis une dizaine d’année, elle avait l’impression que les murs se rapprochaient d’elle et qu’ils voulaient l’étouffer. Inconsciemment, elle savait que c’était un signe. Elle devrait tôt ou tard quitter les siennes et trouver un sens à sa vie.

Elle avait décidé d’accompagner les autres Fées à la recherche de fruits pour leurs réserves. Elle voulait laisser ses ailes libres des sangles qu’elle portait pour quelques heures. La journée était nuageuse, ce qui plaisait à Nolwën. Le soleil lui brûlait la peau et les yeux et elle tentait plus que tout de l’éviter. Mais elle savait que ce n’était pas une bonne raison pour craindre l’extérieur. Après tout, c’était là que le conflit subsistait, c’était là qu’elle devait se rendre pour se battre pour la paix.

Après un moment à cueillir des fraises, elle s’éloigna lentement des autres Fées. Elle voulait explorer un peu les lieux, pour tenter de se familiariser davantage. Lorsqu’elle se sentirait assez à l’aise avec tous ses grands espaces, il serait temps pour elle de partir à la découverte du monde.

Suivant un petit sentier, elle s’enfonça dans la forêt, écoutant les oiseaux chantés. Elle se sentait incroyablement à l’aise, ce qui la surprit. Les Fées de la Terre n’avaient pas l’habitude d’être aussi à l’aise entourées de verdure. Le sentier finit par déboucher sur une petite clairière. Quelques rayons de soleil tentaient de percer les nuages et donnait un air enchanté à l’endroit. Nolwën savait que ce n’était pas qu’une illusion.

Elle s’avança vers le centre de la clairière et déposa son panier qui avait servit à sa cueillette un peu plus tôt. Elle jeta un regard autour d’elle avant de s’asseoir par terre et de s’allonger sur le sol, fixant le ciel. C’était étrange. Il n’y avait aucun endroit semblable sous terre, rien qui ne pouvait se comparer à cette beauté naturelle de la nature.

Un bruit se fit entendre. Il était très faible, mais la Fée l’avait entendue. Elle se redressa sur ses coudes et jeta un regard autour d’elle, cherchant l’origine du bruit. Elle n 'avait pas l'impression qu'un danger la menaçait, mais elle restait tout de même sur ses gardes. Elle avait souvent entendu des histoires d'Hommes qui capturaient les Fées pour en faire des esclaves ou pour les vendre. Si ces histoires étaient vraies, elle l'ignorait. Elle n'avait cependant pas envie de le découvrir.

La reine des fées était sortie également pour la cueillette. Ce n’était pas son travail de le faire, mais elle était libre de suivre les autres et de faire ce que bon lui semble. C’était ce qu’elle fit justement. Elle n’aimait pas regarder les autres travailler à sa place, et c’était loin d’être une corvée pour elle de profiter de l’étendu des forets féériques. Elle était fière de son milieu de vie, et de ce que ses ancêtres avaient perpétués. La jeune fée aimait se joindre le plus souvent possible à son peuple et ne pas rester trop longtemps à l’écart. Si elle devait le faire, c’était qu’elle en était malheureusement dans l’obligation. Elianora savait que ce genre de travail regroupait bien souvent les fées de tous les types. C’était pour elle une chance de rencontrer celles qui sortaient le moins, puisqu’elle maitrisait tous les éléments, elle n’avait pas de lieu précis, des préférences, elle n’en avait pas, elle passait plutôt le plus clair de son temps à voyager et à découvrir d’autres horizons.

Bien rapidement, quelque chose la poussa à aller plus loin. À s’éloigner un peu des autres. Elle ne sut pas ce que cela voulait dire. Elianora n’avait pas réponse à tout et c’était très bien comme cela. À quoi ressemblerait donc le monde si une personne parvenait à détenir tous les pouvoirs, toutes les connaissances et tous les secrets. La reine des fées savait qu’un tel dessein serait probablement terriblement dangereux. L’insecte près de son épaule commença à s’agiter, l’avisant de la présence d’une autre personne. Elianora l’avait déjà repérée depuis fort longtemps, et était persuadée que c’était pour elle qu’elle était venue jusqu’ici. Et probablement également pour le décor qui se découvrait devant ses yeux. Une magnifique petite clairière. La fée était déjà venue, voilà fort longtemps, et visiblement, c’était un endroit peu visité. Ses forêts n’avaient pas encore été toutes habitées par le peuple des fées. Peu d’autres races s’aventuraient aussi loin, et les êtes féériques étaient loin d’être de grande aventurières. Il y avait des exceptions, comme dans toutes les races. Elianora ce disait qu’elle devait être en face d’une fée de terre bien exceptionnelle. La libellule qui suivait la reine des fées comme sa poche, recula pour se poser délicatement à l’écart. Une jolie lumière verdâtre l’accompagnait, montrant que l’insecte n’était pas tout à fait banal … Elianora s’approcha doucement de l’autre fée qui avait déjà sentit sa présence malgré le peu de bruit qu’elle dégageait. Elle fit un doux sourire et lança un regard brillant à sa compagne qui se trouvait par terre.

« Bien peu de fée de terre s’aventure aussi loin … C’est dommage puisque c’est un magnifique endroit, vous êtes d’accord? » murmura-t-elle d’une voix délicate.

Elle resta debout, la politesse lui indiquant que même chez les fées, et de ce fait, même si elle était reine, elle n’avait pas à imposer sa présence à sa sœur. Elle l’avait déjà vu, de loin, comme beaucoup d’autres d’ailleurs. Elle ne s’était jamais adressée à elle, et elle avait fait de même. Ce n’était pas un désir de la part de la reine de ne pas discuter avec chacune des fées qui peuplait la forêt. C’était simplement ce monde, le chaos qui régnait. Chez les fées également tout était matière à songer, à craindre. Cette tension désolait énormément Elianora, qui espérait vraiment que tout rentre dans l’ordre. Mais ce n’était pas aussi simple. Bien des fées commençaient à démontrer leur désapprobation face à la situation. Mais pour Elianora, l’heure n’était pas à prendre les armes, et elle espérait vraiment que ce temps ne viendrait jamais. Elle gardait espoir que tout ce règlerait, avec l’appui des fées également, car ce n’était pas dans les pensées de la reine de restée cachée. Au contraire, si elle disparaissait de plus en plus ces derniers temps, ce n’était pas pour trouver une cachette, comme certaines semblaient lui reprocher …

« Vous savez, je comprendrais si vous désirez mon départ … » dit-t-elle plus sérieusement.

Elle ne savait pas si cette fée était l’une de celles qui lui reprochaient son inactivité. Si c’était le cas, Elianora n’était pas une femme dangereuse, et espérait plutôt de tout cœur avoir les impressions des autres fées, plutôt que de ressentir leur découragement. L’entendre de vive voix, et directement, c’était du courage et de la volonté selon elle. Elle attendit la réponse de la fée, sans la pressée. Le temps importait peu, c’était le déroulement et l’utilisation que l’on faisait du temps qui avait toute son importance.

Nolwën avait tenté de garder un visage impassible en voyant une autre fée pénétrée dans la clairière et s’approcher tranquillement d’elle. Elle l’avait évidemment reconnu. Toutes les Fées connaissaient la reine. Elle était réputée pour voyager souvent et pour venir en aide à ses consoeurs lorsqu’elle le pouvait. Néanmoins, Nolwën ne la portait pas dans son cœur. Elle aurait préféré qu’elle soit différente, qu’elle soit un modèle rassembleur. Ce n’était pas l’impression qu’elle avait, mais elle se gardait bien d’émettre un commentaire. Elle n’aimait pas la reine, mais elle était puissante, on racontait qu’elle contrôlait les éléments.

-Je suis d’accord, dit-elle en un souffle, répondant à la question de la reine.

Elle ne comprenait pas pourquoi elle se trouvait-là. N’aurait-elle pas pu passer son chemin comme toutes les autres fées auraient probablement fait? Son statut de reine devait lui dicter de devoir discuter avec les autres, de tenter de se faire aimer. Les rois et les reines ne sont pas fait pour être aimé, simplement obéis.

Elle continua d’observer la nouvelle venue en silence avant de s’allonger de nouveau sur le sol. Il n’y avait aucun danger avec elle, aucun danger réel, elle pouvait donc retourner à sa contemplation du ciel en toute quiétude. Elle voulait garder ce souvenir dans sa tête pour les jours où elle ne pourrait pas sortir, qu’elle devrait rester à étouffer dans les souterrains. Elle regretta alors de ne pas avoir apporté son nécessaire à dessin avec elle.

-Ses forêts sont libres de droit, vous pouvez rester si c’est ce que vous voulez.

Le ton de sa voix était neutre, pas du tout invitant. Elle ne voulait pas qu’elle reste, elle n’en voyait pas l’intérêt. Elle savait qu’elle aurait du mal à contrôler certaines paroles, on le lui reprochait souvent. Elle savait également que devant la Reine, on se devait de contrôler certaines paroles.

Elle finit par tourner les yeux vers Elianora, la fixant de son regard clair. Elle était jolie, bien plus qu’elle ne le serait jamais. Mais cela importait peu après tout. Cette beauté ne servait à rien.

-Vous n’avez rien de plus important à faire que vous baladez dans ces forêts?

La fée se retint pour ajouter quoi que ce soit, pour parler en sa défense. Elle n’était pas sotte, elle ressentait bien les choses, les émotions, et même si elle ne pouvait pas dire avec exactitude, ou dévoiler les pensées de la fée de terre qui se trouvait devant elle, elle savait très bien ce qu’elle avait à lui reprocher. Elle avait entièrement droit à son opinion et Elianora respectait cela. Jamais aucune fée ne pouvait avancer qu’elles avaient été brimées avec la reine actuelle, elle était puissante, mais avait toujours utilisé ses pouvoirs à de bonnes fins. Mais peut-être qu’elles avaient raisons, celles en qui Elianora ressentait de la rage, la rage de l’impuissance. Mais c’était de l’impatience, et Elianora était une femme très patiente, elle n’agirait jamais de façon imprudente, surtout pas lorsque tout un peuple était visé. Nolwën lui répondit qu’elle était d’accord après que Elianora lui ai demandé si elle trouvait cet endroit magnifique. Cette réponse fit sourire la reine, comprenant qu’elle avait droit à la discussion malgré toute la réticence de la fée devant elle.

« Merci » murmura-t-elle, délicatement.

En disant ses mots, elle vint prendre place par terre, gardant une légère distance avec l’autre fée pour ne pas l’étouffée. La jeune femme qui vivait en permanence sous la terre devait avoir envie de respirer même si Elianora ne pouvait pas se vanter de la comprendre puisqu’elle n’avait jamais vécu sous terre. Elle avait déjà visité ses lieux et s’y était rendu à plusieurs reprises mais jamais plus qu’un petit séjour.
Ses forêts sont libres de droit, vous pouvez rester si c’est ce que vous voulez Lui lança la fée. La reine hocha lentement la tête. Elle avait bien raison, même si elle ressentait dans son ton de voix un sentiment qu’elle aurait préféré ne pas ressentir. Cela attrista légèrement la jeune fée mais elle n’ajouta rien sur le moment, se contentant de demeurer silencieuse et de laisser Nolwën la regarder. Elianora l’avait fait elle-même, elle avait longuement détaillé la belle fée de terre au physique particulier alors elle avait tout autant le droit de le faire. Mais lorsqu’elle s’adressa de nouveau à elle, la reine des fées ne resta pas muette plus longtemps.

« Je crois fermement que discuter avec l’une de mes sœurs qui n’a pas confiance en moi n’est pas une perte de temps. » dit-t-elle en fixant la belle jeune femme dans les yeux. Elle resta un bon moment ainsi puis baissa le regard. Ce n’était pas un signe de soumission. Elianora eu un soupire de lassitude, les choses n’étaient pas simple, vraiment c’était même très difficile. Les fées n’étaient pas des guerrières, mais si ce peuple était ressemblé, les quatre éléments, tous se rejoignaient. Elianora ne donnait pas cher de la vie de ceux qui les affronteraient. Mais les choses ne fonctionnaient pas ainsi. Justement elles n’étaient pas des guerrières. La reine leva les yeux vers le ciel, elle n’était pas en train de montrer une faiblesse à la fée, au contraire, elle voulait simplement lui prouver que ses sœurs lui tenait tellement à cœur, qu’elle ne ferait jamais un geste désespéré.

« La guerre n’est pas la solution Nolwën … Mais il est encore temps de discuter et de prendre des décisions. »

Elle avait parlé d’un ton ferme. Toujours bas, doux et délicat, mais d’une fermeté qui ne donnait pas lieu à une réplique. Elle laissait entièrement le droit à la fée de continuer à partager son opinion, mais ce qu’elle ne voulait pas, c’était d’une discussion qui tournait uniquement autour de la guerre. Elianora recouvra son sourire, ce n’était qu’une simple conversation mais déjà elle se sentait coincée. Elle n’aimait pas ressentir la colère des autres, surtout lorsqu’elle était dirigée contre elle. Elle comprenait mieux pourquoi elle était venue ici.

« Mais vous croyez peut-être que je refuserais l’aide des autres fées, personne ne s’adresse à moi. Suis-je si effrayante? Je n’ai pourtant jamais repoussé qui que ce soit. » Termina-t-elle d’une voix basse. Elle observait la fée de terre avec un petit sourire attristé. Elle savait qu’elle n’effrayait pas les autres fées. Elle savait également qu’elle avait l’approbation de bon nombre d’entres elles. La plupart préférant la suivre aveuglement. Ce n’était pas ce qu’elle voulait. Une pleine collaboration, c’était ce qu’elle désirait. Pas les deux extrêmes, ceux qui la détestait alors ils ne viendraient jamais lui parler, et ceux qui croyait tellement en elle, qui comme les autres, ne s’adressait jamais à elle ou ne s’inquiétait pas le moindrement de leurs sorts … C’était une situation tout de même assez inquiétante. Elianora tentait de rétablir un certain équilibre et elle avait l’impression que malgré la désapprobation de la femme près d’elle, peut-être qu’il y aurait davantage que cela, non?

Nolwën détourna les yeux lorsqu’elle vit la Fée s’asseoir près d’elle, gardant tout de même une certaine distance entre eux. Elle avait envie d’être seule. Elle croyait que son attitude envers l’autre fée avait été claire, mais il semblait que non. Encore une raison pour laquelle elle préférait largement la solitude à la compagnie des autres. Elle resta silencieuse un long moment, se renfrognant lentement. Finalement, la reine des Fées savait ce qu’elle faisait, ce n’était pas innocemment qu’elle était venue s’asseoir et discuter avec elle.

Elle décida de rester muette suite aux paroles d’Elianora, réfléchissant. Elle n’était pas d’accord avec ce qu’elle disait, mais alors pas du tout. Elle croyait que la guerre était la solution, pas la meilleure ni la plus noble, mais la seule disponible dans ce monde à ce moment. Elle croyait que les discussions étaient inutiles et qu’elles ne faisaient que trahir la peur des gens en parole. On discutait pour éviter les conflits, pour éviter de se battre. Trop discuter était synonyme de faiblesse. Mais elle se retint, péniblement, d’exprimer ses pensées. Elles étaient parfois un peu trop noires pour qu’elles ne les expriment de vive voix. Certains pourraient croire que ses allégeances appartenaient maintenant au mal, ce qui n’était pas le cas. Nolwën n’était qu’une jeune fée perdue.

-Pendant que nous discutons, pendant que nous tentons de prendre les bonnes décisions, des gens meurent, le mal étend sa malédiction sur les mondes connus. Ce n’est plus qu’une question de temps avant que ses forêts enchantées n’appartiennent également au mal et qu’elles soient détruites, dit-elle calmement, sur un ton qui la surprit elle-même.

Elle tentait de rester polie, de ne pas s’emporter. On ne peut pas s’emporter face à la reine, on lui doit le respect, même lorsqu’on ne l’appréciait pas. Elle était beaucoup trop puissante pour que Nolwën ne puisse même songer s’en prendre à elle, aussi bien verbalement que physiquement. Cependant, le ton de sa voix se voulait un peu rancunier, bien qu’elle savait que la reine n’était pas à l’origine de ce conflit, ni aucune fée d’ailleurs.

Le silence revint dans la clairière où elles étaient assises. La reine se demandait pourquoi personne ne venait à elle, elle se demandait si elle était effrayante. La jeune fée ne savait pas que répondre à ces interrogations. Elle tourna la tête vers elle pour l’observer, toujours en silence. Son regard pâle et perçant semblait transpercer le corps de la Reine, ce qu’il faisait bien malgré elle. Nolwën n’arrivait pas toujours à contrôler ses quelques pouvoirs, dont celui de voir au travers de la matière. Elle se mordit délicatement la lèvre inférieure avant de soupirer et de retourner son regard vers le ciel, plus précisément vers un nuage en forme de chèvre qui traversait l’océan bleu au dessus de leurs têtes.

-Le pouvoir effraie. La stature effraie. On tente généralement d’éviter ceux qui nous effraient, ceux que nous ne connaissons pas réellement. Vous êtes partout, mais vous n’êtes nulle part. On ne peut pas avoir vraiment confiance en quelqu’un qui est partout, mais nulle part en même temps.

Encore une fois, la Fée s’exprima sur un ton de reproche. Pouvait-elle vraiment reprocher à la reine de ne pas être assez présente? Pour elle, c’était parfait. Elle n’apprécierait pas de l’avoir dans les pattes trop souvent. Mais pour les autres fées, elle sentait parfois que sa présence très réduite leur faisait mal, comme si une partie d’elles disparaissaient. Le lien unissait les Fées entre elles étaient parfois très fort, trop fort.

-Vous faîtes ce que vous voulez après tout. C’est votre privilège de Reine!

Elianora n’avait pas toujours la bonne façon d’agir. Mais il était extrêmement rare qu’elle agissait impulsivement. Elle était une fée très songée et ne faisait rien inutilement. Elle jugeait bon de prendre un moment avec cette fée de terre pour comprendre son point de vue. Elle ne comprenait pas comment les autres pouvaient la juger à ce point, et elle admirait Nolwën car elle était l’une des seules à lui parler directement, à donner son opinion et à ne pas ce terrer sous un mur de silence en sa présence. Elle n’avait aucun problème à discuter et à trouver des solutions. Mais la guerre, ce ne serait pas la solution, et tant qu’elle le pouvait elle maintiendrait cette idée. Elle ne voulait pas envoyer un peuple pacifique à la mort … Et elle considérait que ce serait un déshonneur pour elle de faire une telle chose, et un meurtre. Les fées étaient très fortes, avaient des pouvoirs qui dépassaient souvent l’entêtement. Mais jamais, durant des siècles elles n’avaient été poussées à se battre. Elianora ne jugeait pas qu’elle était une guerrière et qu’elle puisse guider sa race vers la victoire.
Elle écoutait attentivement des paroles qui ne la choquèrent pas, mais continuait de l’attrister. Visiblement elle avait des pensées bien sombres, et ce n’était pas en ces temps que la reine des fées parviendrait à lui faire prendre conscience d’une autre solution. Car elle n’était pas sans idées, elle était simplement tenue au silence, de par son statut, et elle ne voulait pas donner de faux espoirs à son peuple qui nageait déjà bien assez dans l’incertitude en voyant les fées devenir maléfiques. C’était un choix que Elianora ne pouvais discuter, ayant connu elle-même son côté sombre, elle était maintenant capable d’être avantagé par ce que tous avaient en eux. Elle baissa délicatement les yeux et parla :

« Si toutes les races allaient se battre, il n’y aurait que davantage de morts … Vous savez comment une guerre se termine? Par la mort, ou par les paroles et des accords. La victoire importe peu. » dit-t-elle sagement tout en conservant son calme.

Jamais la guerre n’avait apporté quoi que ce soit de bon, et elle était catégoriquement contre cela. Ce n’était peut-être pas bien d’avoir une conversation à sens unique et elle savait qu’elle ne parviendrait pas à mettre cette jeune fée de son côté. Ce n’était pas ce qu’elle désirait. Elle voulait simplement tenter de calmer un peu ses inquiétudes, et pouvoir espérer qu’elle ne commettrait pas un acte désespéré. La peur pouvait faire de grandes choses, nécessairement mauvaises, et Elianora était bien placée pour parler. Elle était là pour veiller sur son peuple. La reine des fées remarquait le ton de voix de Nolwën qui se voulait en colère. Elle ressentait énormément de colère et ce partout où elle allait. C’était difficile de vivre en harmonie lorsque le monde se déchirait.
Elianora vint pour parler, lorsqu’elle ne manqua pas de ressentir cette magie. Nolwën usait donc de sa magie sur elle. C’était impoli, très impoli. Elianora ressentit immédiatement de la colère monter en elle. Puis elle comprit qu’elle s’emportait. Elle était face à une jeune fée perdue, qui pensait énormément aux problèmes qui ne la touchait pas exactement pour le moment. La reine des fées voulait l’aider, désirait désespérément lui venir en aide. Elle resta donc silencieuse, ne marquant pas l’impolitesse dont elle avait fait preuve. Elianora était très à cheval sur les principes, mais également très compréhensive et elle était tout aussi rude avec elle-même lorsqu’elle échouait ou faisait une erreur.

« Cela m’attriste fort … Et je m’en vois désolée si mon peuple me perçois ainsi … Mais soyez assurée Nolwën que je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour obtenir davantage de confiance. » En disant cela elle se redressa lentement. Elle poursuivit en parlant d’un ton plus bas, et son regard, habituellement brillant et déterminé s’assombrit légèrement : « Mais je risque de ne pas gagner la votre, puisque la guerre n’est pas dans mes intentions. Je veux ce qu’il y a de mieux pour mon peuple. Si un jour la guerre est la solution, soit je me plierais. Mais pour le moment, je juge toujours qu’il y a lieu à la discussion. » termina-t-elle en hochant doucement la tête.
Elianora comprenait qu’elle disparaissait souvent. Étant toujours une jeune fée elle avait peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas obtenir assez de connaissances pour son peuple. Elle avait des choses à régler et à analyser avant de réellement pouvoir être constamment présente. Mais elle ferait attention, et venant d’Elianora ce n’étaient pas des paroles en l’air, elle ne disait rien pour rien.

« Restez polie. Jamais je n’ai usé de mes privilèges. Vous avez les mêmes que moi si je ne me trompe. » dit-t-elle d’un ton un peu plus rude. Les reproches elle les acceptait sans broncher. Mais le sarcasme et le cynisme, ce n’était pas l’affaire des fées. Si elle ne pouvait pas obtenir de Nolwën un appui, elle désirait tout de même garder le respect. Elle restait en place, et ne comptait pas partir en mauvais terme, mais elle espérait s’être fait comprendre.

» Un roi dans une auberge[PV Eraldor]